Terza madre de Dario Argento

Au rang des projets bandulatoire (ça sonne bien !) mis à part Halloween revu et corrigé par Rob Zombie, il faut également cité le prochain film de Dario Argento : Terza madre (les trois mères).

Si un réalisateur peut sérieusement remercié Mick Garris de l'avoir retenu pour les anthologies Masters of horror, c'est bien Argento, tombé en désuétude, ne livrant des films qui bien souvent ne valait pas un clou, ou guère plus, le maître Italien s'est refait une petite santé (oui mais toute petite), car force est de reconnaître que ces segments Jenifer et Pelts restent tout de même assez moyen, la faute par deux fois à des histoires exsangues de réels intrigues ou suspenses.

Néanmoins, Argento s'est rappellé aux bons souvenirs de ses fans et des cinéphiles en général, apparemment de nouveau bankable, il retrouvera les salles obscurs avec ce dernier né, un film très attendu au tournant, mais qui suscite bien des inquiétudes. Premier point néanmoins positif Argento se lance dans un projet extrêmement courageux, que bons nombres de ses détracteurs (mais aussi de ses fans fervent) ne croyaient plus du tout : conclure sa trilogie inachevé des trois mères (initiée avec Suspiria et Inferno dans les années 70). En opposition à un Francis Ford Coppola planqué depuis des années derrière un projet d'adaptation réputé impossible, tellement impossible que Coppola se fait gentiment oublier car en fait incapable de s'adapter aux nouvelles technologies cinématographiques et étant une victime parmis d'autres de la révolution technologique. Argento lui prend le taureau par les cornes, mais de gros doutes subsistent : a-t-il retrouvé ce qui faisait l'essence de sa trilogie, et est-il capable de renouer avec son esthétique des 70's trente ans après ?

Au festival de Cannes, dans le cadre du marché du film, vingt minutes de Terza madre ont été diffusés à un cercle restreint de spectateurs, d'après les premiers échos, Argento aurait donc bel et bien renoué avec son style baroque et lyrique, notamment par le biais d'une photographie savamment contrasté. Rendant également hommage au passage au sublime Masque du démon de Mario Bava au cours d'une séquence, Argento affiche la volonté de revenir sources même de l'horreur gothique à l'italienne. 

Mais à plusieurs reprises lors des extraits projettés, des inquiétudes sont nés de beaucoup de fond noir en arrière plan des images, laissant plané le doute sur un montage encore non finalisé auquel manquerait des implants numériques, ou alors au fait de savoir si oui, ou non, un budget trop restreint à condamner le film à des décors cheap.

De son côté Argento lui-même se veut rassurant en déclarant : "C'est le film le plus gore que j'ai tourné...Il possède l'atmosphère et le style de mes oeuvres des années 70, et je ne pourrais être plus content de la façon dont je me suis exprimé".

Pour le grand public non initié aux oeuvres de Argento et donc par conséquent à la trilogie des trois mères, le film risque de ne leur sembler qu'opportunisme en cherchant à jouer sur les trames du Da Vinci code avec ses messes noires et ses sacrifices, dommageable donc pour un projet vieux de trente ans (enculé de Dan Brown va !) et un réalisateur qui à plus que jamais besoin de renouer avec un grand succès populaire, un autre bide à son actif pourrait bien signifier cette fois-ci la fin de carrière du réalisateur...souhaitons lui le meilleur possible !